« Il y a dans ce deuxième album du saxophoniste Michel El Malem (le précédent avait été publié sur le label Fresh Sound New talent) une aventure beaucoup plus collective que dans le premier.

Autant dans le précèdent album il s’agissait de la rencontre avec un musicien qui exprimait quelque chose de très personnel, comme une présentation de lui-même au public, autant dans cet album là il s’agit d’une rencontre musicale avec un groupe de haut niveau et surtout une rencontre avec un pianiste exceptionnel, Marc Copland dont on aurait juré son univers très éloigné de celui du saxophoniste. Et pourtant c’est sur le chemin de thèmes aux harmonies chaleureuses qu’ils se rencontrent avec une certaine évidence.

Il y a, dans cet univers maîtrisé l’alliance de la douceur du groove et d’un jazz modal sous contrôle. Et ça tourne formidablement bien notamment parce que chaque membre du groupe y affirme une réelle personnalité musicale forte, tout en parvenant à se fondre dans l’ensemble. Les compositions sont superbes. Elles sont parfois un peu mélancoliques, mais toujours sans pathos juste avec l’effusion de sentiments forts. Une sorte de touchante tendresse que les résonances du clavier de Marc Copland mettent en valeur avec une certaine profondeur.

Chaque intervention du pianiste y est magnifique, faisant sonner le medium grave de son clavier ou en allant chercher des renversements harmoniques et des accords d’une infinie richesse ( à entendre sur Reflets). Michel El Malem continue lui de s’affirmer dans cette lignée des saxophonistes dans une lignée très Breckerienne.

Saxophoniste puissant et formidable improvisateur qui parvient à éviter tous les effets débordants pour au contraire maîtriser son lyrisme avec une force d’évocation saisissante. Il y a dans son jeu la force de Brecker (on l’a dit) mais aussi la fluidité d’un Shorter. Et un son magnifique ciselé dans le roc.

Michael Felberbaum est quant à lui une sorte de caméléon imprimant par la diversité de son jeu autant de couleurs différentes, allant chercher les oppositions à la couleur centrale pour mieux la faire ressortir par contraste (la fenêtre). Et puis cette rythmique, ici parfaite dans l’intelligence de ce qu’elle doit jouer. Une rythmique affirmée et dont la présence est d’une grande cohésion. Marc Buronfosse, ici immense, confirme ce que nous écrivons depuis longtemps : il s’agit bien d’un de nos plus grands contrebassistes, essentiel et indispensable. Son association avec Luc Isenmann est lumineuse et contribue largement à la réussite de cet album. Parenthèse apaisée, cet album magnifique est empreint d’une grande sérénité. Il fait partie de ces albums dont on peut espérer qu’il bénéficie d’une large distribution. Il le mérite grandement. »

Jean-Marc Gelin

Source : Les dernières nouvelles du jazz – Septembre 2011


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